Catherine de Médicis
Elle épousa le 20 octobre 1533, le fils puiné de François 1er, Henri, duc d’Orléans que la mort du dauphin rendit à trois ans de là, héritier présomptif de la couronne. Mais en même temps que cette grande élévation de fortune, survint dans sa vie une profonde amertume. Sincèrement attaché à son mari, elle le vit donner toute son affection à Diane de Poitiers. Atteinte dans ses sentiments d’épouse, elle risquait de l’être dans ses légitimes ambitions politiques par suite d’une stérilité qui fit un moment parler de divorce à la cour. Elle eut l’habilité de se ménager l’appui du roi, son beau-père, et conjura ainsi ce péril. En 1544, la naissance du fils qui devait être François II, vint consolider sa royauté en expectative, royauté du reste encore bien précaire. Quand la mort de François 1er, l’assit sur le trône aux cotés d’Henri II, si entre la reine et la maitresse du roi le partage d’honneurs se fit à peu prés égal, partage déjà gros d’outrages en lui-même, pour l’influence réelle tout alla à celle qui n’y avait aucun droit. Devenue veuve le 10 juillet 1559, Catherine resta à l’écart pendant le court règne de François II, dont la minorité de fait, eut pour tuteurs le duc de Guise et son frère le cardinal de Lorraine. Elle se borna à flatter à la fois, les puissants du jour et les puissants de la veille, se créant ainsi un court commencement d’autorité à l’ombre de l’omnipotence des uns et de la disgrâce des autres. Proclamée régente à l’avènement de Charles IX (1560), elle employa pour se maintenir au pouvoir, le système de bascule qui l’avait aidée à y parvenir. Malgré ses prodiges d’adresse, elle ne put cependant empêcher le colloque de Poissy destiné, dans sa pensée, à réconcilier le calvinisme et l’église catholique, de dégénérer en disputes théologiques (1561). Ni l’échauffourée de Vassy (1562), d’ouvrir l’ère des guerres de religion. Son attitude resta d’abord indécise entre les deux parties. Mais dés 1563, on surprend dans son esprit le dessein de supprimer toute cause d’agitation en faisant assassiner les chefs protestants. Des raisons politiques lui firent ajourner l’exécution de cet expédient, jusqu’au jour où, sentant le crédit de l’amiral de Coligny menacer le sien, elle lui fit tirer un coup d’arquebuse, aux gages de la maison de Guise (1572).
Du hasard qui voulut que l’amiral ne reçût pas un coup mortel, les précautions prises par Charles IX, pour que l’enquête au sujet de l’attentat fût impartiale et prompte, de la peur qu’elle en ressentit non plus pour sa puissance, mais pour sa sécurité, en sortit la Saint Barthélémy. Elle n’eut pour cela qu’à transformer en complot, aux yeux du roi, les récriminations violentes par lesquelles les protestants défendaient leur cause auprès de lui.
Catherine eut fort à faire, après le massacre, pour calmer l’irritation des pays où le protestantisme avait pris pied : l’Allemagne et l’Angleterre. Elle y parvint pourtant. Le triomphe de sa diplomatie étrangère fut l’élection de son bien-aimé fils, le duc d’Anjou, au trône de Pologne (1573). Quelques mois après, Charles Ix expirait, et le roi de Pologne lui succédait sous le titre d’Henri III (1574).De l’année 1584 à sa mort, son rôle est assez mal connu. On sait seulement que voyant la couronne des Valois sans successeur direct, elle conçut le projet de la faire tomber sur le duc de Bar, fils unique de sa fille Claude de France et du duc de Lorraine. Ce qui peut surprendre c’est que dans cette campagne si difficile, elle s’appuyait sur les Guises, parents de l’héritier éventuel, mais eux-mêmes compétiteurs reconnus du roi. La haine des Bourbons, l’amour de son sang l’aveuglait. Elle ne survécut que de 10 jours à la fin tragique de ces alliés et dans le même château de Blois où s’était terminée leur carrière.